RENCONTRE MODE : ANOUK PEPIN, CRÉATRICE DE LA BANANERAIE
Rencontre avec la créatrice de La Bananeraie, une jolie marque 100% française, éco-responsable, unisexe et non-genrée.
ANOUK PEPIN, UNE JEUNE CRÉATRICE TALENTUEUSE
Diplômée de l’école Duperré, je crée la marque La Bananeraie en 2019 alors que je suis encore en BTS mode. Passionnée d’activités manuelles depuis mon plus jeune âge, je crée et fabrique intuitivement en détournant et revalorisant depuis toujours et avant même de connaître le mot UPCYCLING. Quand je découvre l’alternative à la fast-fashion et les initiatives de mode éco-responsable, ma passion, jusqu’alors intuitive, prend sens.
La mode ne m’intéresse que si elle a le pouvoir de bousculer les modes de consommation, et d’impacter de manière globale, notre rapport au monde.
Se lancer dans la mode, pour notre génération, c’est prendre de grandes responsabilités éthiques et morales. Je m’étais lancée dans le milieu de la mode, il fallait donc que j’y trouve un sens et qu’il me soit propre.
Je ne voyais qu’une option pour concilier ma quête de sens et d’impact positif avec mon besoin de créer et d’utiliser mes mains : entreprendre.
LA BANANERAIE, LE COMMENCEMENT
À la création de La Bananeraie en 2019, je ne connaissais pas grand chose à la construction d’un business. Mon cerveau, c’était mes mains.
En revanche j’observais et réfléchissais beaucoup et j’étais persuadée d’une chose : pour qu’une pièce reste durablement dans un dressing, l’une des solutions est qu’elle soit exceptionnelle ; Une pièce hors du temps, qui résiste aux saisons et aux tendances fugaces, tant elle est unique et originale.
Quant à l’upcycling comme processus, c’était une évidence. La contrainte qu’il implique a toujours été mon moteur créatif. C’est la matière avant toute chose qui m’inspire ce qu’elle va devenir et j’aime être à l’écoute de ses caractéristiques qui guident mon imagination.
J’ai donc créé ma première collection de sacoches à partir de vêtements de travail de seconde main, puis une deuxième à partir de foulards imprimés, et jusqu’à 9 collections thématiques autour de 9 matières différentes, soit une centaine de modèles différents créés.
Pour mes premières collections, je produisais mes pièces, je prenais de belles photos pour les mettre en scène, et je les postais sur Instagram, puis sur mes premières marketplaces partenaires qui avaient vu mes photos sur Instagram (Crush’On et Depop). C’est grâce à elles que j’ai participé à mes premiers pop up stores !
À l’époque, je n’avais quasiment aucune stratégie de communication ou de distribution, et j’ai commencé à sentir qu’il me manquait des compétences pour avancer plus loin avec La Bananeraie.
Alors en parallèle de ma licence professionnelle à Duperré, je suis la formation Diplôme Etudiant Entrepreneur du PEPITE Hesam. J’y ai un mentor, j’y rencontre des expert.e.s en communication et en marketing, j’apprends à monter un business model viable, à faire un prévisionnel financier, etc.
Tout cela me pousse à envisager une échelle plus grande pour La Bananeraie. Finalement, j’y renonce pour respecter l’essence même de la marque qu’est l’artisanat : une production lente et en petites quantités, et un lien direct et sensible entre moi, la créatrice, les pièces, et leurs propriétaires.
ET AUJOURD’HUI ?
Aujourd’hui, La Bananeraie évolue. Après avoir exploré diverses matières, je me concentre désormais sur deux d’entre elles : les foulards imprimés et la toile de Jouy. Après avoir développé une centaine de modèles d’accessoires différents (sacs et vêtements), j’en retiens une dizaine. Une manière pour la marque de stabiliser son processus créatif tout en tenant son engagement de vous proposer des accessoires upcyclés, uniques et unisexes, fabriqués avec les mains et le coeur.
LA BANANERAIE, UNE MARQUE NON-GENRÉE ET UNISEXE
Le rapport entre genre et vêtement est une longue histoire dont nous pourrions parler très longtemps. L’attribution d’un type d’habit à un genre est dans tous les cas issue de constructions sociales et culturelles qui valorisent une sexualisation binaire des corps, entre culte de la virilité pour les un.e.s et culte de la sensualité pour les autres.
Les pièces que je crée sont destinées à des corps, quels qu’ils soient, donc ils ne sont, en ce sens, pas genrés.
Soyons libres de porter ce qui nous plaît, ce dans quoi on est bien, ce qui nous permet d’être créatives et créatifs et d’imaginer de nouvelles silhouettes et associations. Une couleur, un motif, l’aspect d’une matière, son tombé sur le corps, ne devrait impliquer aucune catégorisation genrée.
LE MOT DE LA FIN ?
J’attends avec impatience le jour où l’on n’aura plus besoin d’indiquer « unisexe » ou « non-genré » pour parler d’un vêtement, tant la liberté de porter ce que l’on veut sera une évidence pour tous.tes et que les normes de genre auront arrêté de guider la mode.
D’ailleurs, j’espère qu’on atteindra aussi une ère où le besoin de mentionner « éco-responsable » ou « upcyclé », comme argument différenciant, ne sera plus nécessaire. Il ne s’agit pas d’une tendance, mais simplement de bon sens.
Retrouvez les collections sur l’e-shop de la marque !
Par Alicia Desrivières