RENCONTRE AVEC JESSICA ESPAGNOL, STYLISTE PHOTO QUI A TOUT PLAQUÉ POUR VIVRE SON RÊVE À PARIS

 
 

Jessica Espagnol a plaqué son Auvergne chérie pour filer direction Paris des rêves pleins la tête. C’est après un cursus au sein de l’Atelier Chardon Savard et des expériences en tant qu’assistante styliste qu’elle décide tout naturellement de se lancer à son tour. “Pourquoi pas moi ?” : c’est l’interrogation qui caractérise à merveille cette tête frondeuse, débrouillarde, modeuse et rêveuse. Nous l’avons rencontré pour qu’elle nous parle de son métier passion et de ses ambitions ravageuses. Décryptage.

 
 

Raconte-nous ton parcours mode rapidement pour qu’on apprenne à te connaître :

“Je suis Auvergnate et là-bas j’ai commencé un parcours classique de mode avec un lycée spécialisé dans la mode puis un diplôme dans le métier du spectacle. Mon premier pied à Paris à commencer avec un stage incroyable à l’Opéra Garnier sur la Dame aux Camélias et La Cenerentola. J’y ai habillé les artistes et cette expérience reste gravée dans ma mémoire parce que j’étais entrée dans un domaine ultra artistique, j’expérimentais mes débuts inconscients à Paris… Mais pourtant, un ptit truc me manquait terriblement, c’était la créativité. Oui, tout art n’a pas le même degré de créativité et en tant qu’habilleuse, j’avais envie d’apporter encore plus ma patte et de laisser mon empreinte dans un look.

Et le métier de styliste photo s’est donc imposé de lui-même. Je me suis un jour demandée : “Pourquoi ne pas habiller des artistes pour des clips, des tournages et des shootings de mode en les stylisant avec mon propre ADN de mode ?”. Ni une ni deux, me voilà une parisienne de coeur ! Une fois arrivée, je me forme en école dans le stylisme et me met à contacter les meilleurs du métier pour apprendre le plus possible. Et l’année d’après, je décide de me lancer en free lance. Tout a démarré tellement vite.”

Explique-nous ton métier pour qu’on le comprenne bien ainsi que son rôle dans l’industrie de la mode.

“Travailler pour quelqu’un n’a jamais été mon idéal de vie. Et l’envie d’être à mon compte me tentait énormément d’autant que ce métier passe beaucoup par le free lance. J’ai démarché énormément d’artistes via Instagram pour être styliste ou assistante styliste. Ce qui m’a donné un vrai coup de pouce ? Je ne me suis pas restreinte à faire de l’édito de mode et des shootings pour des magazines mais je me suis ouverte aux clips, aux courts et longs métrages ainsi qu’à pleins de collaborations artistiques pour gagner le plus possible en contacts. L’idée est de travailler sans compter parce que c’est une passion qui nous dévore et sans elle on n’existerait tout simplement pas.”

Un mot pour te résumer ?

”Fonçeuse.”

La plus belle chose au monde pour toi ? ”

“Je suis fan des aurores boréales. Il y a une dimension très artistique derrière dans le mariage des couleurs, le graphisme qui s’enveloppe dans le ciel. C’est de l’art naturel pour moi.”

Dis-nous en plus sur tes expériences marquantes dans la mode depuis que tu t’es lancée

“Il y en a tellement ! Plus que des expériences avec des shootings impressionnants ou des clips de personnes connues, ce sont les rencontres artistiques que j’aimerais ici souligner et sans qui tout mon travail serait invisible. Grâce à tous les artistes que j’ai croisé sur mon chemin et avec qui j’ai collaboré, l’art vie, la mode se sublime et nos métiers sont reconnus. Photographes, mannequins, créateurs, stylistes… Certaines de ses rencontres ont même dépassé le stade professionnel et font partie de mon cercle d’amis. La mode unit les gens de façon très très forte quand on réfléchit bien. Grâce à ces personnes, je peux donner sens et vie à des shootings extraordinaires et rendre visible mon travail. C’est magique. Et ce que j’aime par dessus tout ? Mixer plusieurs designers émergents dans une même silhouette pour leur rendre la pareille.”

 
 

3 icônes que tu souhaiterais nous partager et qui t’inspires ?

“La première on la connaît toutes ! La mythique et indétrônable Eva longoria que j’adorais regarder à la télé plus jeune dans son rôle de fashion victim insolente Gaby Solis. La seconde est une muse secrète avec qui je rêverais un jour de travailler : il s’agit de Thylane Blondeau qui m’inspire tellement de positivité. Son style, sa personnalité, sa présence… Elle m’impacte énormément. Et enfin, notre adorée Lady Di. Culte, iconique et je ne pouvais pas passer sous silence la puissance de son style 80s qui triomphe en 2022 et dont l’aura n’a plus rien à prouver dans la mode d’aujourd’hui.”

Qu’est ce qui t’inspire ?

“Le magazine de mode. C’est un véritable objet d’art qui renferme le fruit d’un travail acharné et véhicule sans cesse notre ADN. Derrière de jolies photos, il y a l’empreinte d’un photographe, d’un hair stylist, d’un maquilleur et d’un styliste. C’est une grande chaîne qui donne vie à quelques photos sublimes.”

 

Shooting for Sapristi Magazine

 

Quelle nuance y a-t-il selon toi entre style et tendance ?

”Quand les tendances s’accumulent saisons après saisons, le style perdure et se construit dans le temps long. La tendance est éphémère, le style est éternel.”

Comment définirais-tu ton style ?

“Je n’ai pas de style défini mais j’aime miser sur des pièces fortes qui confèrent du charisme et de la prestance. Un blazer XXL, un jean large, des boots à plateformes… Effortless, easy to wear et confort obligé avec mon métier !”

Quel est ton leitmotiv au quotidien ?

“Je me répète sans cesse : « tu n’as pas fait ça pour rien alors donne toi les moyens d’aller plus loin encore ». Partie sans familles ni amis, j’ai affronté toute seule à Paris cette dure réalité de devoir se créer un nom dans une industrie où sa place est chère. Il faut se battre tous les jours et avec un leitmotiv sans quoi on ne sait plus pourquoi on se lève le matin. Et rendre fière tout ceux que j’aime et qui suivent mon parcours de loin est un véritable objectif de vie pour moi.”

Ta plus grande conviction ?

“Réussir dans mon métier et dans la mode bien évidemment ! Mais aussi marquer des personnalités et impacter positivement cette industrie tellement perfectible au niveau écoresponsable notamment.”

Jessica dans quelques mois, ça donne quoi ?

“Mon humilité, mon caractère pétillant et ma ligne de conduite qui m’emploie à rester fidèle à moi-même me permettront de réussir mes ambitions professionnelles, j’en suis sûre. Je suis spontanée, instinctive, énergique, j’ai envie d’en découdre et j’ai confiance en la vie. Alors je ne sais pas ce que cela donnera mais j’ai beaucoup d’espoir ! ”

 
 

Un moment déclencheur en lien ou non avec la mode dans ta vie ?

“Avec le recul, quand j’y repense, je n’ai fais que suivre ce que ma grand-mère m’avait un jour conseillée de faire. Elle m’a dit “si tu veux vivre ton rêve, quitte l’Auvergne, l’épanouissement t’attend ailleurs.” Ce moment sera marqué en moi pour toujours.”

Toi en un film, une musique, une couleur, une destination et un plat ?

“Le Diable s'habille en Prada est my movie culte ! Et je retiens : « avec une bonne paire de chaussures, une femme peut conquérir le monde », et a confiance en elle, on adore. La musique de Louis Amstrong « What a wonderful love » est mon péché. Elle me met en pesanteur et le tumulte de la vie s’arrête le temps de quelques minutes. Je suis une vraie blue girl et ce depuis toujours. Symbole de pureté, de positivité de communication et de réflexion, je me ressens émotivement dans cette chromatique azurée profonde et claire à la fois. New York est my dream come true. J’adorerais y travailler plus tard et même avoir la chance de faire du stylisme entre Paris et New York, pourquoi pas ! Et pour mon plat préféré ? Les lasagnes, mama mia qu’est ce que j’aime ça et surtout quand elles sont homemade.”

Ton look signature du quotidien ?

“Ma paire de mules Eytys, un pantalon large et une veste à épaulettes pour parfaire mon look. J’adore ce look structuré et déconstruit en même temps !”

Un souvenir mode que tu voudrais nous partager ?

“Lorsque j’étais assistante styliste en stage, j’ai eu la chance de rencontrer Jean Paul Gaultier sur le plateau de Danse avec les Stars. Mythique comme rencontre ! Il m’a tellement boosté et donné encore plus envie de réussir.”

 
 

Une obsession mode en ce moment ?

”Je suis férue des épaulettes que ce soit en veste, en blouson ou même pour un top. Quand on est fine et qu’on manque parfois de carrure au niveau des épaules, c’est le ptit truc mode qui change tout !”

Quels conseils pourrais-tu prodiguer à tous ceux qui comme toi veulent se lancer ?

”N’ayez pas peur mais ne foncez pas non plus tête baissée. Donnez-vous les moyens de réussir en travaillant dur et en vous accompagnant des bonnes personnes. Montrez que vous en voulez et organisez pleins de shootings pour diffuser votre empreinte mode. Réflechissez à comment vous pourriez vous démarquer des autres stylistes et contactez le plus de personnes possibles car c’est un job de contacts. Je pars du principe qu’il ne faut avoir aucun regret et que si l’on est vraiment fait pour ce métier alors il vous rattrapera tôt ou tard ! Quand on est une âme créative, il faut foncer et à 200%. En fait, il faut se rappeler d’une seule chose : on n’a qu’une vie, pas deux.”

 
 

Instagram @jesnol_

Par Célia Rakotomavo